Pourquoi je suis (dans l’idéal) abolitionniste.

Je suis, dans l’idéal, abolitionniste. Je suis donc pour l’abolition de toute forme de prostitution, qu’elle soit subie (c’est la majorité des cas) ou « choisie » (mettons-nous d’accord, dans la majorité des cas il s’agit d’un choix économique. Pour un témoignage à propos de la prostitution « choisie », je vous renvoie par exemple chez Mélange Instable).

Je me demande encore comment un être humain peut avoir ne serait-ce que l’idée d’acheter (ou plutôt louer, pour le coup) le corps et le sexe d’un autre. Certains avancent l’argument suivant : « Dans ce cas, interdisons le travail de caissière/femme de ménage, car c’est la même chose, les patrons usent du cerveau et du corps de leurs employés de manière différente ». Sur le fond, je suis d’accord : je suis personnellement contre le fait qu’une personne doive toute sa vie durant occuper un emploi abrutissant de caissière, c’est pourquoi je suis en faveur d’un revenu universel garanti, seule alternative, selon moi, à un modèle de société qui marche sur la tête. De l’autre côté, il s’agit d’un argument qui suinte en général la mauvaise foi, car il insinue qu’être caissière ou prostituée, grosse modo, c’est la même chose. Si c’était vrai, toutes les caissières se prostitueraient, puisqu’ à la fois c’est « la même chose » et qu’en plus « on gagne davantage » (juste en écartant les jambes, rendez-vous compte comme c’est simple, hein). Or, tout le monde sait bien que ce n’est pas la même chose. A part ça, j’aimerais également bien voir ceux qui défendent leur droit à aller voir des prostituées et le droit d’une société à cautionner la prostitution aller se prostituer eux-mêmes, puisque  tu comprends, c’est un métier comme un autre, et moi les putes je les respecte, etc..

Si on me demandait mon avis, je dirais évidement qu’il faut non pas interdire la prostitution, mais interdire de s’offrir les services d’une prostituée. Comment contrôler ça dans les faits? Je ne sais pas : c’est bien là que le bât blesse, c’est là la limite des campagnes abolitionnistes. Comment abolir la prostitution dans un système social tel que le nôtre, capitaliste et patriarcal? La question de la suppression de la prostitution doit interroger en parallèle les fondements de notre système social et de notre système de pensée, ce n’est pas une bête question d’interdire pour interdire, ou de moralisme sexuel. Une société qui accepterait sans rechigner d’éradiquer la prostitution serait une société qui aurait pré-acquis un véritable sens de l’égalité sexuelle et humaine. C’est aussi pour ça qu’on est mal barrés. Notre société est trop pleine d’inégalités sociales et sexuelles pour que la question de l’abolition ne provoque pas de tollé, que les abolitionnistes ne se fassent pas traiter de coincés du cul, de bobos bien pensants ou de fascistes liberticides. Peut-être n’avons nous pas encore non plus les moyens de mettre en place des alternatives, car évidemment, dans l’idéal, une société qui veut abolir la prostitution doit s’en donner les moyens. Il ne suffit pas de pondre une loi, mais il serait bon d’élaborer de vrais programmes de reconversion pour les prostitué(e)s (on peut aussi proposer une solution aux licenciés des usines délocalisées au Vietnam, en passant, parce que ce seront peut-être ces chômeuses là qui tomberont dans la prostitution). Sinon, c’est un coup dans l’eau. Celles et ceux qui n’ont pas le choix économiquement continueront à s’y livrer.

Que faire, donc? Si je doute fort de l’utilité d’une amende et la possibilité de pénaliser les clients (on se demande bien quels moyens utiliser : demander à chaque prostituée de se déclarer et poster un flic derrière elle? Soyons sérieux.), je pense néanmoins qu’il est nécessaire de faire passer d’une manière ou d’une autre le message suivant : NON, cet être humain là n’est pas une enveloppe de chair que tu peux utiliser à ta guise, et même s’il veut bien se vendre à toi car il a besoin d’argent, tu ne peux pas l’acheter, c’est interdit. On ne peut pas convoquer tous les clients potentiels en réunion pour leur expliquer qu’acheter de la baise sur contrat, c’est merdique, que c’est cautionner un système pourri qui accepte qu’une fille se vende pour ne pas crever de faim, et qu’être à l’aise avec ça comme si on n’y était pour rien, c’est faire taire de façon minable sa mauvaise conscience. La solution est sans doute dans l’éducation : au féminisme, mais également aux rapports de pouvoirs et de domination en général (c’est un pléonasme, le féminisme contient tous ces aspects).

La précarité est l’argument central du discours anti-abolitionniste : que vont devenir les prostituées si elles n’ont plus de clients? C’est en effet une question cruciale, cela étant, je trouve qu’elle témoigne souvent d’une mauvaise foi hallucinante. A chaque fois que je lis les commentaires des articles traitant de la question de la prostitution, je retrouve toujours la même rengaine : les internautes s’insurgent de la future précarité des prostituées. Sauf qu’il ne faut pas me la faire : l’internaute lambda prêt à défendre le droit des putes à vendre leur cul, en temps normal, se fout absolument de la précarité de la prostituée – et il semble oublier que la prostituée est DEJA dans la précarité. Cet argument profite bien aux clients, qui doivent être le premier à le brandir pour défendre leur sacro-saint droit à aller se « taper une pute ». On vit dans une société de profit, dans laquelle on délocalise/ferme des usines ou des entreprises, laissant des tas de chômeurs sur le carreau. Les laissés-pour-compte font comme ils peuvent, et ça ne provoque par de tollé national, juste, parfois, un minimum d’indignation. Que deviennent les ouvriers quand ils n’ont plus d’usine? Tout le monde s’en fout. Quand on touche à la prostitution, c’est la levée de bouclier, alors que c’est exactement la même chose, dans le fond. Si on interdit d’acheter du sexe, ça fera des chômeuses, mais qu’on ne me dise pas que ça empêche tout le monde de dormir. Quel est le problème, alors? Mon petit doigt me dit que le débat sur la prostitution touche aux fondements du patriarcat. Et ça ma bonne dame, il y en a plein que ça emmerde.

Le fait que les prostitueurs sont quasi tous des hommes devrait tout de même nous faire tiquer. La prostitution est un phénomène sexo-spécifique. Elle est une manifestation, en particulier, de la domination sociale et sexuelle des hommes sur les femmes et, en général, de ceux qui ont de l’argent sur ceux qui en ont un besoin impératif. Elle est la résultante et la manifestation la plus extrême (et la plus visible) d’une société patriarcale, marchande et inégalitaire qui trouve normal qu’un corps humain puisse être acheté (avec de l’argent, des cadeaux, ou autre). Parce qu’en soi, faire une gâterie à son mec, non pas parce qu’on en a envie, mais pour qu’il soit disposé à vous offrir ceci ou cela (parce que bon, c’est l’homme qui paie, c’est normal tu vois), c’est exactement la même chose, avec une différence de niveau – les « sentiments » en plus et l’impératif de survie en moins. Au risque de choquer, je pense que tant que la pipe intéressée sera considérée comme normale, la prostitution le sera sans doute aussi, et vice versa, parce qu’on trouve normal que le sexe fasse partie d’un échange marchand et que le corps des femmes et/ou des faibles soit potentiellement à disposition de tous les autres (en gros, les hommes et/ou puissants). Notre système de pensée et notre système social est pourri jusqu’à l’os, on accepte depuis des lustres que certains se vendent pour satisfaire les désirs de ceux qui ont été conditionnés pour réclamer satisfaction – et qu’on a été conditionné à devoir satisfaire.

Il est épineux de raisonner en termes abstraits, car la prostitution est tout sauf une abstraction pour ceux qui la vivent. Pour moi la prostitution est clairement un symptôme d’une société de classes, patriarcale, capitaliste et désolidarisée. Tout ce qui me défrise, en fait, un mélange de domination sexuelle et économique, d’individualisme et de réification de l’autre. C’est d’ailleurs pourquoi je n’arrive pas, mais vraiment pas à comprendre comment le NPA peut pondre un article comme celui-ci. La prostitution est culturelle, c’est une invention du patriarcat, un commerce laissé à celles et ceux qui ne peuvent rien pratiquer d’autre (à lire, cet article). Ce n’est pas le « plus vieux métier du monde », pour reprendre ce cliché débile et infondé, ça ne répond pas à non plus un « besoin social ». C’est comme si on disait que tel produit non vital mis sur le marché répondait à un besoin social, alors que si on le retirait du marché, plus personne n’en achèterait et ce serait comme ça. Parce que non, le sexe consommé via la prostitution, ce n’est pas vital, c’est un peu comme les home-cinema, c’est un luxe qu’on se paie quand on a des thunes à claquer. Sauf qu’un être humain, ce n’est pas un écran plasma, même si on envie d’en faire un objet qui ferme sa gueule et fait ce qu’on lui demande.

Si la prostitution répondait vraiment à un « besoin social », il y aurait aussi des masses de prostitués pour les femmes (certes, les gigolos existent, mais ils sont peu nombreux en comparaison, ça aussi c’est un argument de mauvaise foi). Et pourquoi y’en a pas, ma bonne Lucette? Parce que la prostitution répond à l’assouvissement non pas d’un « besoin social », mais d’une envie masculine, si tu saisis la nuance. Oui, le social, c’est toujours masculin, bizarrement. On arrive au fameux argument de la pulsion masculine irrépressible et autres « si on interdit la prostitution, le nombre de viols va augmenter, les hommes deviendront des prédateurs affamés », bref on a saisi l’idée (les hommes sont incapables de se tenir dis donc, ils sont pire que des bêtes). Les « pulsions » de l’homme, c’est de la foutaise qui dissimule une vérité toute simple : on a éduqué les hommes à manifester leur désir, et les femmes à le retenir. Et ce n’est pas parce qu’une femme n’a pas visiblement la trique (c’est pas de notre faute, hein, on est faites comme ça) qu’elle a moins envie de sexe, ou qu’elle a un besoin impératif de sentiments pour baiser. Ça, se sont des constructions culturelles qu’on peut déconstruire. Ce n’est pas parce qu’on souhaite qu’un désir soit satisfait que la société doit cautionner ça. Parfois je suis tellement en colère que j’ai envie de me défouler sur quelqu’un, mais ça ne me viendrait pas à l’idée de payer une personne, même consentante, pour lui défoncer la gueule. La loi considèrerait d’ailleurs que je porte atteinte à l’intégrité d’autrui. Mais la prostitution, c’est pas pareil. La prostitution, c’est NORMAL (tu l’interroges, là, ton rapport à la normalité?). On trouve normal que le corps d’une partie de l’humanité soit potentiellement mis à la disposition de l’autre moitié pour qu’elle assouvisse ses désirs. Le corps des femmes DOIT être à disposition, c’est comme ça. Il DOIT y avoir des corps de femmes disponibles contre de l’argent, n’importe quand (de manière générale, même sans contrepartie, les femmes, dans les société patriarcales, sont potentiellement à disposition des hommes, c’est pour ça qu’on nous aborde dans la rue quand on y s’y balade seule ou entre femmes, qu’on insiste pour obtenir nos faveurs, qu’on se permet de nous faire des commentaires à voix haute sur notre physique, que le viol conjugal est reconnu depuis très peu de temps, ou encore qu’on est toutes des salopes potentielles, donc si en plus on nous paie, où est le problème?).

T’as vu la prostitution c’est trop glamour.

Sauf que consommer de la prostitution, on peut s’en passer, et affirmer le contraire, c’est du grand n’importe quoi. Les femmes s’en passent depuis toujours, pourtant (scoop) les femmes aiment autant le sexe que les hommes (si, si, je vous assure). La misère sexuelle est à mon avis un faux argument, comme si tous les clients étaient de pauvres hommes délaissés de la quéquette. Et si misère sexuelle il y a parfois, tant pis. Les miséreux sexuels seront laissés pour compte. C’est triste pour eux, mais si c’est le prix à payer pour une société sans prostitution, il est bien maigre. Qu’on ne me ressorte pas non plus l’argument des personnes handicapées qui auraient un besoin impératif de la prostitution, car il s’agit encore et toujours d’hommes. Par ailleurs, tous les handicapés n’ont pas besoin de faire appel à la prostitution pour coucher ou avoir une compagne, merci pour eux. On n’a jamais cherché à soulager les femmes de leur misère sexuelle, et, que je sache, elles n’ont pas mis le pays à feu et à sang pour ça, ne se sont pas entretuées comme des bêtes sauvages sous prétexte qu’elles ne pouvaient pas donner libre court à leurs « pulsions » – car, je me répète, elles ont été éduquées à contenir ces pulsions. Mais on préfère cautionner la prostitution, aveuglé par le mythe du besoin masculin et de la prostituée comme « soupape de sécurité » sociale (il faut que la pute soit là pour que les pulsions des hommes ne soient pas dirigées vers les honnêtes femmes), plutôt que d’éduquer les hommes à contrôler leurs désirs et/ou leur besoin de domination. En fait, on préfère que rien de change, ça remettrait trop de choses en cause, à commencer par la conception qu’on a des rapports entre les sexes.

Je ne veux pas vivre dans une société qui opère un clivage entre les femmes et les putes, avec des putes qui ne sont pas des femmes « comme les autres », mais des morceaux de viande (joliment emballés, mais morceaux de viande tout de même) qu’on peut acheter, un déversoir des désirs, frustrations, fantasmes que l’homme ne peut assouvir avec une « pas pute » (pourquoi, on se le demande, d’ailleurs. C’est si compliqué de parler de ses fantasmes avec son partenaire?). Certains parviennent bien à assouvir leurs fantasmes gratuitement, entre adultes consentants : pourquoi certains types préfèrent payer une femme/un homme à qui, au pire, ils inspirent du dégoût ou qui, au mieux, n’en a rien à foutre d’eux (parce que non, client, la prostituée, en général, ne s’intéresse pas à ta vie, elle fait SEMBLANT, tu es peut-être un chic type dans la vie de tous les jours, mais en l’occurrence, là tu es juste un client elle a juste besoin d’argent)? Vraiment, pourquoi? Parce que c’est facile, pas prise de tête, parce que c’est excitant, parce que ça montre que « t’as vu, je fais ce que je veux avec mon argent », ou que « j’ai des couilles », parce que ma femme n’accepte pas la sodo, parce que je suis un mâle et que j’ai des « besoins »? Il faudrait peut-être cesser de faire passer ses « envies » et ses « besoins » avant toute considération éthique, cesser de s’imaginer que parce qu’on paie l’autre on a rempli sa part du contrat, donc on peut fermer les yeux sur tout le reste.

Je ne suis pas abolo par puritanisme, parce que « oh mon Dieu say maaal ». Le sexe, c’est très bien, mais la prostitution c’est du sexe à sens unique.  Si on peut appeler sexe le fait de posséder, ou faire faire ce qu’on veut, à quelqu’un qui ne vous désire pas. J’ai lu, toujours sur le blog de Mélange Instable, le commentaire suivant à l’un de ses articles : « Je me prostituais par amour du sexe facile ». Je ne sais pas si c’est un fake ou pas, mais je suis désolée, 1/ la prostitution, en général, ce n’est pas du sexe « facile » et 2/ on n’a pas besoin de se prostituer pour obtenir facilement du sexe. Je ne perpétuerai pas le mythe (tenace) selon lequel une femme peut avoir quand elle veut le mec qu’elle veut (c’est faux), mais si on passe une annonce pour dire « femme cherche sexe facile gratuitement », il y aura surement des tonnes de réponses. Et si ton fantasme c’est payer/te faire payer pour baiser, tu peux aussi en faire un jeu érotique, à la manière des mises en scène de soumission/domination dans les clubs et donjons SM, où chacun se respecte et où le cadre garantit la sécurité. Evidement, ça nécessite une éducation préalable, en premier lieu celle du respect du désir de son partenaire – cet aspect dont la prostitution est exempte et qui arrange bien les clients, qui paient pour voir leur désir satisfait sans avoir à prendre en compte celui de l’autre.

Si j’entends bien les arguments économiques, si je sais que sans la prostitution certaines femmes ne pourraient actuellement pas survivre, je sais aussi dans quel genre de société j’ai envie de vivre. Et ce n’est pas dans une société réglementariste : je suis absolument contre la réglementation, on a vu ce que ça a donné ailleurs (et si vous ne le savez pas, les chiffres sont disponibles un peu partout sur le net). La réglementation est pour moi la pire des solutions, la moins éthique, la plus inacceptable d’un point de vue institutionnel. Quant à la liberté individuelle restreinte (parce qu’on va évidemment me sortir qu’on doit laisser à ceux qui veulent vendre leur cul la possibilité de le faire en paix), j’ai envie de dire que les lois, en général, restreignent certaines « libertés », c’est le principe. Pour le bien commun, pour faire avancer la société. Je crois que comme toutes les femmes, j’ai déjà pensé à ce que devait être la prostitution (comment c’est/ est-ce que j’en serais capable si un jour../ c’est sûr je trouverais ça horrible/ mais peut-être que ce n’est pas si dur que ça/ et comment elles font, les prostituées, pour supporter ça?/non mais attend c’est dégueulasse/ il y en a peut-être qui aiment ça, après tout? etc., etc.). Et bien rien que le fait d’y avoir pensé est totalement aberrant. Ce que je voudrais, c’est vivre dans une société où, si me venait l’idée de me prostituer, AUCUN homme ne serait prêt à me payer ; une société où ces hommes-là me regarderaient avec des yeux ronds en me traitant de cinglée; une société où ce serait totalement impensable. Je suis convaincue qu’un petit garçon élevé dans une société dans laquelle il n’est même pas pensable de s’offrir du sexe avec de l’argent, voit les femmes d’un oeil tout à fait différent de celui élevé dans un monde où un corps est potentiellement achetable. De même, une petite fille qui grandit dans une société sans prostitution aura une vision d’elle-même bien différente de celle qui sait qu’elle pourrait, potentiellement, se vendre à des hommes pour survivre. Plus encore, je voudrais vivre dans une société dans laquelle l’idée même de me prostituer ne me serait jamais venue à l’esprit. On est d’accord, il y a du boulot.

16 réflexions sur “Pourquoi je suis (dans l’idéal) abolitionniste.

  1. Stéphanie dit :

    Je te remercie pour ce texte qui synthétise ce que j’ai toujours pensé sans jamais l’exprimer aussi bien.

  2. zerosen dit :

    Salut, c’est le mec qui arrive par Google avec comme mots-clés « végétarienne libertine »…
    Je sais, c’est pas très reluisant comme recherche mais il y a pire, j’ai vu.
    En tout cas, cela m’a permis de trouver ce blog naissant et déjà intéressant…
    Merci pour l’article sur le végétarisme, écrit avec énergie et conviction. Merci aussi pour les posts sur les violences faites aux femmes et sur la prostitution : tellement de gens sont persuadés que les victimes sont les responsables alors qu’un minimum d’empathie envers celles (et ceux) qui vivent ça provoque une telle tristesse.
    Merci ainsi de rappeler la nécessité du féminisme aujourd’hui : l’anecdote de la soirée étudiante macs et putes de l’est m’a servi a attirer l’attention de ma fille de 14 ans sur une banalisation aussi sinistre.
    Et désolé de mes regards trop insistants dans la rue (voire dans les librairies, bibliothèques etc) : ils sont complètement déplacés, certes, mais ils cherchent juste à exprimer une certaine admiration tout comme devant un tableau, un paysage. Ces regards me semblent généralement mal perçus, c’est pourquoi je culpabilise et me traite de gros lourd mais quelquefois, c’est un simple échange de sourires : chose qui me rend bêtement heureux. Après ça s’arrête là car un attrait physique n’implique bien sur rien et aller au-delà est le plus souvent décevant.
    Bon, j’arrête ici l’expression de mes plates pensées et, non, je n’ouvrirais pas un blog pour y étaler mes pauvres réflexions.

    • La Chatte dit :

      Merci, et bienvenue ici, alors !
      Ce qui dérange les femmes, en général, ce ne sont pas les regards insistants, mais les regards irrespectueux qui nous font nous sentir comme des bouts de viande. On voit et on sent la différence, tout de suite.

  3. zerosen dit :

    Je ne suis pas certain que ce soit aussi général que ça chez les femmes, j’ai l’impression qu’un regard « insistant », celui qui cherche juste le regard de l’autre est souvent perçu comme agressif, envahissant en quelque sorte l’intimité et que, de plus, répondre à un sourire par un sourire est considéré comme dangereux (style : il va croire que je le drague).
    Et là, je pense que l’on revient à ton sujet : le comportement « décalé » de beaucoup d’hommes conditionne la majorité des femmes à être sur la défensive.
    Je me souviens d’une caméra caché ou Lafesse, dans une file d’attente, demande à la jeune femme devant lui : « vous faites la queue ? » et à la réponse « oui » poursuit du même ton, après un petit temps, « et les couilles aussi ? ». Moi ça me fait rire.

    • La Chatte dit :

      Moi ça ne me fait pas rire du tout. Les femmes ont l’habitude de se farcir des propos sexuels (du genre, un « tu prends combien? » lancé dans la rue, un « tu suces? » au distributeur de billets, bref), donc dire « et les couilles aussi? » à une femme qu’on ne connaît pas, c’est la mettre dans une situation au pire d’agression, et au minima d’inconfort. Même si c’est censé faire rire et qu’il s’agit d’une caméra cachée, c’est jouer sur des comportements sociaux que subissent les femmes au quotidien. Pour le spectateur qui sait qu’il s’agit d’un canular, c’est peut-être drôle, mais pour la « victime » surement pas du tout. On « n’attaque » pas quelqu’un avec une réflexion sexuelle dans l’espace public. Puis la question en elle même (« vous faites la queue? et les couilles, aussi?) joue sur les mots de façon rigolote, donc prêterait a priori à rire, mais on peut aussi entendre qu’il est en train de lui demander l’air de rien si elle fait la totale, et de sous-entendre, grosso modo, qu’elle est une pute ou pourrait en être une. Ça fait un peu beaucoup pour une « blague ».

      • zerosen dit :

        Sans défendre outre mesure le genre de la caméra cachée ni Lafesse qui est quand même un chantre de la grossièreté c’est le ton employé par le comédien et son attitude qui me semble déterminer aussi une part du message : dans l’exemple, la victime (si mes souvenirs sont bons) ne semble pas se sentir agressée, elle hausse les épaules et les yeux style « mais qu’il est con ! ».
        La communication non-verbale employée souligne qu’il s’agit bien d’humour (grossier).
        Promis, je raconte plus du comique visuel par écrit.

    • La Chatte dit :

      Sinon concernant le regard « accrocheur », le problème c’est que souvent, le simple fait de regarder certains hommes leur fait croire qu’il s’agit d’une invitation à venir nous aborder. Donc oui, fuir un regard, c’est être certaine d’être tranquille et ne pas se faire envahir notre espace vital.

  4. Lyly dit :

    Il y aurait beaucoup a dire sur les mythes sur la prostitution qui sont tres largement partages. Mes parents et mes tantes les ont completement integre alors meme que spontanement sans etre verses sur le sujet ils remettent en cause la notion de femme et d’homme ect… Et curieusement dans un debat familial, j’ai eu le soutien d’un cousin homophobe et limite tendance PUA (!!!). Debat un peu decousu:
    Donc eux:  » sans prostitution il y aurait des hordes de violeurs frustres dans la nature »
    Nous : « une tres grosse partie des clients sont maries et ont des relations sexuelles en dehors de la prostitution »
    Nous: « on dit pas qu’on est contre ou pour mais ayons au moins le meme traitement pour client et prostitue, qu’elles puissent cotiser a la secu et a la retraite puisque elles payent des impots ou alors on penalise le client aussi »
    Eux:  » donc faudrait rouvrir les bordels elles seraient proteges »
    Nous: « dans les pays reglementaristes, il y a encore plus de trafic d’humains »
    Eux: « donc a l’etat de l’organiser »
    Nous : » j’ai aucune envie de payer des impots parce qu’on a decrete que la frustration sexuelle des hommes etait plus importante que la fermeture d’une maternite. Et ca n’empechera pas les marches paralleles ou ce sont les prostitues qui souffriront encore »
    Eux:  » au nevada la prostitution est legale mais dans des bordels donc on est pas gene »
    Nous « Certes mais du coup c’est considere comme un travail normal et des femmes se font proposer par pole emploi des emplois dedans sous peine de perdre leurs allocations chomage, considerer vous que c’est un emploi normal? Qu’une femme peut se faire imposer par contrat legalement combien de client, qui comment quel tarif? Est ce que c’est aller vers leur protection? Trouvez-vous normal de sacrifier des femmes pour sauver les autres de violeurs ?ce n’est pas aux violeurs de se faire soigner plutot que la societe tolere que des sadiques trouvent un expient avec la prostitution? »
    Eux : « non bien sur »
    Eux: (qui decidement revienne toujours aux pauvres hommes frustres sexuellement ):  » on fait quoi on les abat alors? »
    Nous: « bah on est pas des animaux moi je veux un sac de luxe je peux gerer ma frustration donc les hommes aussi. Ils n’ont pas un droit superieur a se vider les couilles ils ne vont pas exploser la bave aux levres »

    Comme le viol les mythes se contredisent les uns des autres et on parle que du pauvre client toujours et encore!

  5. La Chatte dit :

    Oui, on pense toujours au client (le pôôôvre frustré potentiel), et on sent la peur du bon peuple (les gens « normaux », ceux qui ne se prostituent pas) qui se sent protégé, parce qu’il pense que les prostituées sont des « soupapes de sécurité » qui évitent à la société de dégénérer sous les coups de reins des hommes en rut qui ne peuvent plus se satisfaire. Ou comment sacrifier quelques femmes pour la tranquillité de tous. Puis surtout, surtout, ne pas prendre part au débat et laisser l’Etat régler les choses. On aime bien laisser l’Etat donner les orientations en France (puis les critiquer) et faire ce qu’il y a à faire, ça nous économise de l’énergie et le cerveau, on reste de mignons enfants qui écoutent les recommandations de maman.
    Sinon j’ai les mêmes spécimen à la maison :
    Eux – On devrait réouvrir les maisons closes, les filles étaient mieux
    (oh ben oui elles étaient mieux, je REVE de vivre dans une maison close, moi, ça doit être la panacée…)
    Moi – Non mais vous ne pensez pas qu’on pourrait carrément supprimer la prostitution, plutôt?
    Eux – Ah ben oui c’est sûr ce serait mieux mais bon… C’est pas possible, ça.
    Eliminer la prostitution cépapossible. Changer les choses, ça n’est JAMAIS possible, déconstruire, repenser, non cépapossibdutou.
    Même refrain pour la souffrance animale, la surconsommation et tutti quanti en ce qui me concerne : « C’est comme ça, on peut pas changer le monde ». Et oui. Cékomsa.

  6. Stéphanie ....... dit :

    Je pense que la prostitution n’est pas de la sexualité . C’est de l’anti-sexualité …..
    Pourquoi : Parce que le but de la prostitution est de détruire le désir , de l’annihiler , de l’effacer …..
    Dans la prostitution la femme n’est pas une femme mais une pissotiére dans laquelle l’homme vient se vider les couilles de son sperme qui n’est pas du sperme alors mais un excrément dont il se débarrasse …… Dans la prostitution l’homme nie la femme et se nie lui-même également dans un systéme d’extermination sado-masochiste totalitaire …….

  7. jacbernard dit :

    100% d’accord avec toi. Hélas, dès qu’un pays légifère pour interdire des « consommations » addictives, il y a toujours des opportunistes pour créer des économies parallèles et lucratives – cf. la prohibition. Comme les deux moteurs de l’humanité sont le sexe et l’argent, la prostitution a de beaux jours devant elle.

Répondre à La Chatte Annuler la réponse.